Le 2005 – Côtes du Rhône rouge
De beaux arômes de fruits rouges, de cèdre, de tabac, de mûres. Une complexité aromatique superbe et un velouté des arômes impressionnant. Un vin extraordinaire, parfaitement mature et qui représente pour moi la quintessence du velouté et de l’harmonie entre une structure et des tanins serrés. Vous savez lorsque l’on sait que nous sommes en face d’un grand vin de terroir, les mots nous manquent pour le faire partager. Un moment inoubliable.
Le 2006 – Côtes du Rhône rouge est quant à lui un peu jeune actuellement. Bien que de formidables arômes de fruits noirs très mûrs, de tabac un peu vert, de thym, de sarriette, quelques notes de sauge et de violette, me rappellent le 2005, nous sommes quand même face à un vin qui exprime un potentiel et qui pousse un peu pour se rappeler à notre bon souvenir.
En bouche, les tanins sont soyeux, plus denses et demandent encore à se fondre un peu. Des arômes de cèdre, de tabac et de truffes sont présents et permettent de tapisser la bouche d’une douceur incomparable.
Ce domaine est vraiment un archétype de dentelle et de suavité. De nombreux vignerons devraient le déguster pour comprendre l’harmonie que l’on peut obtenir sur des vins sans avoir un terroir immense et un «nom». Car l’impressionnant est là. Si Rayas possède, à mon avis, le plus beau terroir de Chateauneuf du Pape avec les quartz de Clos du Caillou, le Château des Tours n’est pas sur l’un des terroirs les plus exceptionnels de la région. Mais la qualité du travail à la vigne et l’amour du terroir que porte Mr Reynaud suffisent à libérer une émotion et une subtilité. Je ressens également dans ces vins, un vrai travail sur la qualité de la vendange et notamment la justesse de la maturité des raisins. Pas trop mûrs pour ne pas extraire des arômes trop puissants et trop lourds et pas assez pour ne pas donner un côté herbacé aux tanins.
Après cette dégustation de Côtes du Rhône, je me suis attelé au Vacqueyras. Composé à 80% de Grenache et 20% de Syrah, j’ai trouvé chez un caviste du coin, un millésime 2001. C’est avec bonheur et anxiété que je me mis à déguster cette bouteille. Bien que le millésime ne soit pas des plus flatteurs, resurgissent en moi les mêmes émotions que le Côtes du Rhône 2005 mais avec quelques années supplémentaires. Des notes de cèdre, de cigare plus que de tabac, quelques notes de kirsch, de vanille bourbon, de fruits à l’eau de vie. En bouche, le velouté est présent. Les tanins se fondent avec harmonie et la structure soyeuse rehausse un vin qui commence à peine à vieillir. Sincèrement ce fut un grand moment de dégustation.
Me restais à déguster le Côtes du Rhône blanc pour que mon périple soit complet. Je l’ai trouvé il y a quelques jours chez un grand caviste du Sud-Ouest. Dans le millésime 2003, la puissance et l’exubérance du fruit m’étonna en premier nez. Mais assez vite, de doux arômes grillés, de thym, de sauge, des flaveurs beurrées et toastées vinrent tournoyer dans mon verre pour se mélanger dans une complexité extraordinaire. La structure nette et tendue nous laisse une petite pointe d’amertume en fin de bouche qui fait ressortir les arômes mentholés, toasts et de fleurs blanches. A l’aveugle, on ne pense jamais que ce vin blanc a plus de 6 ans. Et pourtant….Je pense que ce vin aura une grande garde et je serais curieux de le goûter dans 4 ou 5 ans.
Avec cette présentation de Château des Tours, je suis loin d’avoir fait le tour (sic) de la propriété mais je suis sûr d’une chose : j’ai eu de grands moments de plaisir et d’intensité et je suis très impatient de programmer une visite au domaine. Mr Reynaud si vous me lisez….Je n’ai qu’une chose à vous dire : Bravo !.
Coup de coeur pour l’ensemble de son oeuvre.
Ambroise Chambertin