Boire c’est avaler un liquide, le passer de la bouche dans l’estomac. Le faire entrer dans notre corps. Pour cela il participe d’un parcours intérieur. Cette ingestion a donc une influence sur notre bien-être, sur la qualité du ressenti, au delà de l’enivrement, sur le plaisir. Souvent, des néophytes ou des professionnels, ressentent dérangements et agressions digestives. Le néophyte peut rejeter un vin car il “lui reste sur l’estomac” (l’expression peut elle être plus précise ?) et le professionnel, à force de travail acharné 🙂 , de journées de comparaison, peut ressentir des indispositions multiples dans l’oesophage ou l’estomac. Le vin est-il un produit si corrosif que son ingestion entraine des brulures ?
Les défenseurs de la loi Evin, les anti-alcools, les pisse dru, les cathartiques de l’émotion vous diront que l’alcool est mauvais et qu’il est corrosif. Pourtant l’alcool n’est pas en cause ici.
Il est des vins qui sont plus corrosifs que d’autres. Ceux ayant une teneur en soufre importante, peuvent, engendrer des maux de têtes, des brulures d’oesophages. Ces vins, sont le plus souvent, issus de la culture conventionnelle et, nous devons le reconnaître, masquent des imperfections sur la qualité première du raisin. Sans vouloir taper sur la culture conventionnelle, il est vrai que ce mode de viticulture, engendre plus de travail sur le soufre que les autres. Même si il ne sert à rien de travailler en bio ou en respect de la nature si le viticulteur, utilise lors de la vinification, une dose de soufre massive à même de masquer la personnalité de ses raisins. Le soufre donc est un vecteur de mauvaise appréciation, un gâcheur de moment de partage.
L’acidité d’un vin, si elle est mal maîtrisée, peut également être un vecteur corrosif de notre tube digestif. Rien n’est plus désagréable qu’un vin acide, comme certains de ces Beaujolais Nouveau, qui ne méritent guère de porter le nom d’une si jolie région. L’acidité dans un vin est un élément très important qui lui permet de vieillir et risque, à dose trop importante, de prématurer la durée de vie du liquide en l’aidant à passer de vie à trépas ou plutôt du verre à l’évier.
Il convient donc, quand nous sommes victimes de ces incidents domestiques et bachiques, de s’intéresser à la digestibilité d’un vin. Mot barbare et difficile à utiliser dans les dîners en ville, il est pourtant une notion essentielle dans l’appréciation d’un vin. Le caractère digeste du vin est un vecteur de qualité. N’avez vous jamais eu envie de finir une bouteille tellement elle vous paraissait bonne et attrayante. A contrario, un vin lourd, trop dense et souffré est difficile à terminer. Même en si mettant à deux, il est retord, affable et inamical. La digestibilité d’un vin, c’est également la qualité des minéraux et des oligo-éléments qui le constitue. Constat purement empirique, cette présence et notamment révélé dans les vins en biodynamie, car ils possèdent plus d’éléments vivants que leurs homologues.
Nombre de livres de dégustation existent mais peu parle de la digestibilité, notion essentielle et incontournable quand on souhaite apprécier les vins. Car c’est cette variable qui donnera à vos dégustations la capacité a être mise en mémoire ou, tout simplement, à être oubliée dès le premier vin nouveau venu.
Ambroise Chambertin