La Chine est devenu, à en croire les derniers éléments économiques relayés par les différentes interprofessions, l’eldorado du monde du vin. L’immensité du pays et sa démographie sont des gages de pérennité des ventes de vins français dans l’avenir. Tout le monde souhaite vendre en Chine et cherche à se positionner sur ce marché en pleine expansion. Même les plus grands vins, qui recherche le consommateur chinois….Il n’y a qu’à regarder la spéculation outrancière des Lafite Rothschild et l’on comprendra que la Chine est devenu la poule aux oeufs d’or du monde du vin ( à ce propos lire l’interview très intéressante de Christophe Salin, Directeur commercial de la structure de vente des domaines Rothschild dans la RVF d’Avril ). Et dans la même revue, la petite phrase de Jean Luc Coupet ( le roi des fusions/acquisitions dans le monde du vin ) qui affirme que le millésime 2010 doit être au même prix que 2009….Amour et frénésie de l’argent quand tu nous tiens…..
Emergence d’une classe moyenne qui souhaite consommer et qui révère les codes du luxe à l’occidentale, la Chine est un pays qui est en train de “naître” dans l’esprit des producteurs de vins. Pourtant, ce pays ne découvre pas le vin. Ce dernier est implanté depuis fort longtemps. Dans la dynastie de Han, un émissaire à conclu qu’en 138 av JC, les chinois faisait du vin et le consommer de manière régulière. Mais le vin était considéré comme précieux et n’a pas conquis l’ensemble des chinois, se tenant toujours dans un positionnement haut de gamme. En 1892, Zhang Bishi, a créé le premier vignoble moderne de Chine avec un cep européen. Dès lors des structures plus ou moins importantes, ce sont développés dans le but d’utiliser certains des très beaux terroirs que contient la Chine. On le voit, la Chine n’arrive pas dans le monde du vin de manière totalement débutante, et le vin revêt une connotation luxueuse depuis son origine. Mais au delà de l’histoire du vin en Chine et de l’effet économique de la reconquête des chinois pour le vin, il est intéressant d’analyser les raisons pour lesquels les chinois, et notamment les chinoises, consomment du vin. Effet de classe sociale oblige, il est plus moderne de boire du vin que du saké à 48%vol qui est réservé au commun des mortels. L’émergence de la classe chinoise promet un appel d’air important pour le monde du vin. Mais au delà de ce type de consommation, il est à noter, et c’est là l’intérêt à notre avis, que les chinoises consomment du vin avec la volonté d’être perçues comme des femmes modernes et indépendantes. La consommation de vin ayant une forte dimension de socialisation, elle devient un atout pour une femme chinoise et un positionnement au sein de la société, totalement assumé et même recherché.
La mise en rapport avec la consommation française de vin est très intéressante. En effet, le vin est perçu comme une boisson “vieillote” qui rappelle le déjeuner dominical obligatoire. Certes, nous devons accepter cette vision qui reste ancrée chez nos concitoyens. Mais, réjouissons nous également, qu’à l’instar des consommatrices chinoises, que l’image du vin soit en pleine évolution dans les classes aisées de la jeunesse citadines ( et notamment des jeunes femmes), offrant des moments de sympathies encore inconnues il y a quelques années. En effet, il est de bon ton de consommer du vin à l’apéritif, cela est “branché” et “hype” comme le dirait les jeunes urbains.
A l’instar des chinoises, je ne suis pas sûr que la volonté française soit de paraître indépendante, mais au moins, les jeunes consomment du vin et auront plus de chance de l’apprécier dans les années à venir que s’ils n’en consommaient pas.
Ambroise Chambertin