Résiste, prouve que tu existes…

Le Muscadet est une région en souffrance. Souffrance d’une économie moribonde où les vins ne trouvent pas (plus) leur public, où les viticulteurs peinent à vivre correctement, où les acteurs d’importance perfusent le vignoble pour ne pas le laisser mourir. Bref, c’est une région qui doit se réinventer.

Dans l’intelligence de certains, se réinventer c’est faire fi du passé, effacer les savoir-faire, éradiquer la culture même du lieu. Alors les idées fusent. La dernière en date, autoriser la plantation de nouveaux cépages (plus productifs et plus au goût du jour) pour donner un souffle nouveau. Bientôt, il sera donc possible de planter du chardonnay ou du colombard en Muscadet. Rien que cela !

Les raisons sont simples. Vouloir produire plus pour baisser les coûts et se coller au plus juste au goût de la clientèle. Une vraie évolution sociétale et un pis-aller pour la viticulture déguisé en solution miracle.

Il est vrai, cependant, que la région du Muscadet souffre. Elle souffre d’un désamour des consommateurs et des acheteurs. Beaucoup de vins ne sont pas au niveau qualitatif attendu et les rendements ou la viticulture minimale qu’imposent les acheteurs par des prix toujours plus bas, n’incitent pas à produire bon.

Pourtant, au lieu de chercher des solutions exogènes, il convient de réfléchir et de trouver des solutions endogènes. La renaissance qualitative serait l’une d’elles.

Le muscadet est une région où l’on peut produire bon. La preuve, certains vignerons comme Pierre Luneau-Papin, Guy Bossard, Eric Chevalier et l’incroyable Vincent Caillé produisent d’excellents vins. Et eux, ils adorent le melon de Bourgogne, le cépage emblématique du lieu. Ils travaillent avec une vision de long terme, dans l’excellence et le goût. Certes ce n’est pas facile mais leurs vins représentent quelques uns des meilleurs rapports qualité/prix de France. Des muscadets gourmands, friands, juteux et agréablement iodés entre 7 et 10 Euros, c’est un appel à la gourmandise.

Alors oui cette viticulture est plus complexe, demande plus de travail, est chronophage. Et alors ? Le boulot d’un viticulteur n’est-il pas de magnifier la symbiose homme/terroir/climat/cépage(s) ? N’est-il pas de retirer le meilleur de son travail de la vigne et du chai ?

Que les adeptes des vins d’assemblage en Muscadet réalisent leurs essais sur des IGP ou sur des Vins de France, point de problème à cela. Mais qu’ils essayent de dénaturer le terme Muscadet au seul profit de leur rentabilité, cela me choque. En tête de liste, la maison Ackerman qui veut offrir des « muscadets différents » à ses consommateurs. Désolant…

Ces « solutions miracles » n’apporteront rien de positif. Seulement une dilution de l’image de marque d’une région déjà en souffrance. Le muscadet vaut mieux que cela. Les viticulteurs valent mieux que cela. Sortons de cette vision productiviste et entrons dans une ère nouvelle de qualité et de travail du vignoble. C’est, je crois, à ce seul prix qu’une région peut survivre.

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