L’un des étranges marqueurs de ce millésime 2018 reste la précocité de la région Est de la France. En Alsace, Bourgogne et Champagne, les raisins étaient rentrés alors que le bordelais ou la vallée de la Loire n’avaient pas encore commencé. Mais toute la façade Est n’a pas vendangé de manière précoce. Dans la vallée du Rhône, il a fallu attendre la toute fin septembre pour sonner la fin des vendanges ce que confirme Philippe Guigal de la Maison E. Guigal : « dans le nord, les vendanges sont terminées depuis 2 semaines. Nous avons échangé les cartes avec le sud car nous avons des degrés de 13.5% vol à 15% vol avec des volumes assez conséquents ».
Sur ce millésime, « nous avons réussi à concilier maturité phénolique et phénologique et une quantité remarquable. Nous sommes donc très contents » explique Philippe Guigal. « Nous n’avons pas eu de souci avec le mildiou, nous sommes habitués à lutter contre cela ».
« Au sud, c’est plus compliqué, le mildiou a été très sévère. Nous avons eu une saison très pluvieuse et sans mistral. Pour nous à Nalys (le domaine récemment racheté par la Maison E. Guigal à Châteauneuf-du-Pape – NDLR), nous avons eu 60% de récolte en moins. En règle générale, les volumes sont très petits à Châteauneuf et en Côtes-du-Rhône. Le Gard s’en sort un peu mieux que le Vaucluse ».
« Nous avons 15 jours d’écart entre le nord et le sud sachant que le 31 aout nous avons démarré le nord et le sud ».
« Dans le nord, c’est un millésime hors norme, les syrahs sont denses et très noires avec beaucoup de fruits. Dans le sud, la qualité est présente, mais sans les quantités ».
De son côté, Laurent Combier, du célèbre Domaine Combier qui possède le Clos des Grives, a « plutôt bien vécu le millésime ». « L’été a été très chaud, la véraison s’est parfaitement déroulée et depuis le 15 aout le beau temps est là » explique-t-il. « Les raisins sont superbes même si je pense qu’il manque un peu d’acidité pour de très longues gardes. C’est plein, riche et soyeux. Cela me rappelle un peu 2017 notamment pour l’arrière-saison. Nous ne sommes toutefois pas dans les extrêmes de 2003 avec des nuits plus fraiches. On reste dans l’équilibre bien que ces derniers soient un peu méridionaux (des acidités plus basses que d’habitude) » conclut-il.
Comme quasiment toute la France viticole, la vallée du Rhône vient de récolter de magnifiques raisins parfaitement à point. Certes, pour le sud, les quantités sont en forte diminution, mais les viticulteurs sont face à des premiers jus superbes. Reste maintenant à confirmer tout cela par des vinifications adaptées.