En idéologie comme en toute chose, point trop n’en faut.
Si d’aventure la modernité consiste à renverser l’ordre établi et à mettre en avant les progrès viticoles alors, il faut se soucier vivement de l’arrivée de la biodynamie et de la culture biologique. Nonobstant, les pratiques actuelles (bonnes ou mauvaises) ne peuvent et ne doivent être mises en exergue au seul bénéfice d’une idéologie dominante. Il faut de tout pour faire un monde.
Idéologiquement, la proximité avec la culture biodynamique et biologique (ou si l’on souhaite une culture respectueuse de l’environnement) est mienne. Défenseur des vins de terroir, des vins avec une singularité, je crois en l’expression par la plante d’une symbiose géologique. Dès lors les produits de synthèse, les effaceurs de terroir, pourrait-on dire, sont des ennemis sans que cela me suffise à les accabler.
Blâmer de telles pratiques est possible mais blâmer les pratiquants est facile et peu respectueux pour des femmes et des hommes à qui l’on a toujours dit qu’une vigne idéale était une vigne sans adventice. En matière de morale, il est plus facile d’imposer que de comprendre.
L’actualité glyphosate, et son interminable feuilleton européen, m’amène à repenser le sujet. Cette substance active, brevetée dans les année 1970 pour lutter contre les mauvaises herbes, est plus connue sous le nom de Roundup. C’est, je crois, l’herbicide le plus vendu dans le monde….avec le soufre selon l’agence sanitaire française (Anses).
Si les viticulteurs (et les agriculteurs) sont des utilisateurs importants de glyphosate, les études indépendantes montrent que les jardiniers du dimanche utilisent des quantités bien plus importantes que les viticulteurs, lesquels les ont fortement diminuées ces dernières années.
Bien évidemment, je suis le premier à espérer une interdiction de ce produit. Aussi bien pour les vignerons que pour les jardiniers amateurs. Mais cette dernière donnée devrait amener les virulents défenseurs de la cause « anti-pesticides » à réfléchir.
Ceux qui interdisent les viticulteurs de traiter, dans le Médoc ou ailleurs, pour leur bien-être et leur santé, sont potentiellement des utilisateurs de la même substance, voire manifestent le vendredi pour désherber leurs belles allées sans l’ombre d’une herbe le samedi…Bien peu, à mon avis, se baissent pour désherber à la main.
Les mêmes qui revendiquent un droit réel sont ceux qui ont acheté des terrains en bordure de vignes, là où précédemment il n’y avait que…de la vigne, pour payer moins cher lesdits terrains pour ensuite, interdire les traitements qui dérangent la famille et polluent le linge. Comme l’affirme le dicton, on ne peut avoir le beurre et l’argent du beurre…
Alors quand je vois, dans un message Facebook, un vigneron en culture biodyamique interpeller Marie-Lys Bibeyran, l’activiste la plus connue de la cause, et lui expliquer que la vaporisation de tisane n’a jamais fait de mal à personne et cette dernière de répondre avec véhémence que dangereux ou pas c’est interdit un point c’est tout, je me demande si de tels agissements servent réellement son noble combat. Et surtout, je me dis, que le discours est désormais rompu entre des anti-pesticides idéologiquement opposés à tout et des vignerons qui vivent de leur travail.
Je le dis et le redis, je suis idéologiquement contre l’utilisation de pesticides et je suis le premier à trouver ahurissant qu’un viticulteur vaporise de tels produits près des écoles. Mais interdire à un viticulteur en biodynamie de « traiter » sa vigne pour la seule raison qu’il est interdit, ce jour là ou dans ce quartier là, de traiter alors je me dis que l’on marche sur la tête.
Marie-Lys Bibeyran votre combat est beau et noble alors ne devenez pas une extrémiste de la cause, cela ne servira personne !