Le Davos du Vin 2012 a fermé ses portes la semaine dernière. Cet événement haut de gamme, aussi bien par le prix des prestations, des vins dégustés que de la qualité des interlocuteurs et des sujets traités, invite régulièrement quelques “prescripteurs”, que nous n’appellerons pas journalistes tellement ce mot est galvaudé aujourd’hui, afin de se faire connaître et de créer le buzz sur Internet. A cela rien d’anormal pour un évènement qui se veut, certes festif et élitiste, mais pas philanthrope.
Parmi les invités, Jérôme Pérez et son compère dénommé Oliv, gestionnaires de la plateforme d’échanges ou “forum”, La Passion du Vin. Vous le savez si vous êtes un fidèle lecteur, j’ai eu quelques petits soucis de convergence, allons nous dire, avec Jerôme Pérez lors de la création de la revue Anthocyanes. Il faut dire que les lecteurs de la Passion du Vin sont souvent des amateurs éclairés mais qui n’accepte pas la contradiction. Peu importe, ils ont le droit de penser ce qu’ils veulent tant qu’ils ne nous obligent pas à penser comme eux. Mais, après les articles rédigés par les deux compères, certains lecteurs se sont lâchement et lamentablement attaqués aux fondateurs. Crise de lèse majesté ou affirmation d’une pensée de plus en plus restrictive ? En réalité, les lecteurs de LPV se sont défoulés sur leurs pauvres modérateurs leur reprochant d’avoir accepté une invitation d’un gourou du “wine business”, arguant que l’indépendance du site était remise en cause….Certaines réactions, comme toujours sur ce site, sont très violentes et il m’est peine à comprendre leur bien fondé.
Le vrai problème la dedans c’est que Pérez à trop souvent critiqué les grands vins aux prix parfois injustifiés. Il s’est érigé en défenseur des vins de bon rapport qualité/prix. Ces membres lui ont rappelé avec véhémence ces dires et ses prises de positions antérieures. Mais est-ce une raison pour remettre en cause le travail effectué lors de la session du Davos du Vin 2012 ? Est-ce une raison pour remettre en cause sa probité et son intelligence ? L’homme commence à goûter à la dureté du métier de critique qu’il a si injustement par le passé mis en branle….
Via cet article, je souhaiterais affirmer un principe fondateur de la critique de vins. Ce n’est pas parce que des critiques sont invités à un événement quel qu’il soit, que ces derniers perdent tout esprit critique, toute capacité à dire ce qu’ils pensent, toute latitude à parler vrai. Même si je ne suis souvent pas d’accord avec Jérôme Pérez je dois, sur ce fait, le défendre car il est, je pense, homme libre et intellectuellement averti pour ne pas confondre le rapport d’un fait réel et l’hagiographie bête et disciplinée. Cela soulève en moi une interrogation très importante. Sommes nous encore libre, sous prétexte d’indépendance, de se rendre dans des évènements qui ne plaisent pas forcément aux autres ? Je peux comprendre que le Davos du Vin, sous ses atours bling-bling et très altier, pose problème à nombre de lecteurs, surtout en temps de crise économique. Mais Jérôme Pérez est un grand garçon et peut aller où il le désire. Son indépendance et son jugement ne seront remis en cause que le jour où ses écrits seront totalement hagiographiques. Pas avant !
De plus, ces bien-pensants, ces pères la rigueur de l’indépendance, se manifestent sous les atours d’une certaine “liberté”. Mais ne se comportent-ils pas comme des hommes liberticides ? En imposant leurs points de vue, en écrivant des critiques aussi violentes qu’idiotes, ne combattent-ils pas ce pour quoi il se disent les défenseurs ? Une certaine liberté !
Nous le voyons, tout cela ne tient absolument pas la logique et laisse entrevoir, que certains intervenants du forum de LPV sont des ayatollahs avec tout ce que cela confère de négatif à ce mot. Amoureux de la liberté de penser et d’agir, je me devais de le dire et de venir à la rescousse d’un Jérôme Pérez qui connait maintenant tout le bonheur du dur chemin de l’indépendance….
Petit ajout du jour : intéressant de relire cet article avec l’actualité. Se faire chahuter par ses membres, les inviter à penser autrement n’est pas chose facile. Fillon et Copé en sont les parfaites preuves….
Pour ma part, je trouve que le Davos du Vin a toute sa place dans le monde du vin. Tout le monde à le droit de s’exprimer surtout si les intervenants sont de qualité, comme cela est très souvent le cas lors de cet évènement. Longue vie au Davos et bon courage Jérôme Pérez, l’indépendance n’est pas un long fleuve tranquille……C’est un connaisseur qui vous le dit !